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Les travaux

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"Il est rare pour un architecte d’avoir à intervenir sur un site aussi exceptionnel". Pierre Dubedout, architecte oloronais doublé d’un skieur du genre contemplatif, a été retenu pour le concours lié au plus grand chantier d’aménagement de station qui se soit déroulé cet été en France.


Le maître d’œuvre a "habillé" de bois le bâti des deux nouveaux téléportés dernier cri (lire ci-dessous), c’est-à-dire leurs gares de départ et d’arrivée, ainsi que le nouveau poste de secours.


De telle sorte qu’après un ou deux ans d’exposition aux éléments, ces bâtiments techniques se fondront, le printemps revenu, dans le karst de La Pierre, ce cadre somptueux, unique, où des pins à crochets multicentenaires (certains ont plus de 500 ans) s ’agrippent au calcaire affleurant.


Intégration et discrétion : ce pourrait être la devise de cet "architecte caméléon" qui avait déjà étonné son monde en signant, en 2010, le centre technique (460 m2) de la station des oursons. Y sont remisées fraises et dameuses, dans un bâtiment fonctionnel de 5 mètres de haut ; sa morphologie, alliée à la patine grisée
que son bardage de pin Douglas a prise sous les rudesses du climat, le rend mimétique, presque invisible dans le paysage !



Deux télésièges flambant neufs


Jamais la station de La Pierre Saint-Martin n’avait bénéficié d’une telle remise à niveau. Le chantier réalisé cet été porte sur près de la moitié (48%) du domaine skiable (60 hectares). Il a fait remplacer les deux antiques télésièges du Mailhné et du Soum-Couy, ainsi que des téléskis (Asters et Hermine) qui les doublaient, par un télésiège débrayable 6 places (2 500 passagers/heure) et, dans son prolongement jusqu’au sommet de la station, un télésiège pinces fixe 4 places. Ces deux téléportés offriront un confort et une fluidité d’accès incomparables, en regard des paniers "goutte d’eau" biplaces devenus "collector".


En même temps, les deux nouvelles remontées libèrent un espace de pistes assez considérable. Les travaux de reprofilage ont gommé les ruptures de pente (murs) et supprimé les étranglements. Même le skieur débutant pourra accéder au fameux boulevard des Pyrénées et au boulevard des Myrtilles, dans la station familiale par excellence.


Vis-à-vis des pratiquants plus chevronnés, la séparation des flux doit garder tout son intérêt au site. Autre aspect du chantier, l’extension du réseau de neige de culture, avec une cinquantaine d’enneigeurs échelonnés entre 1 525 et 1 900 mètres. "On va arriver à une couverture du domaine skiable de 25 à 30 %", indique Jérôme Mitjana, responsable du pôle stations d’altitude et montagne du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques.


Pour alimenter ce réseau, la capacité du bassin de stockage, en aval du site, a été doublée et portée à 80 000 mètres-cubes.



Texte : Thomas Longué (voir le supplément sur les Pyrénées)

Lors de l'été 2014, la plus atlantique des stations pyrénéennes était le cadre du plus grand chantier en montagne de France : 24 millions d'euros, avec un traitement paysager unique en son genre

La part architecturale n’entre que pour environ 10 % (2,5 millions d’euros) dans le montant du projet; La Pierre le valait bien. Les gares de télésièges, hérissées d’un système de résilles bois (dites aussi porte neige) sous lesquelles est assurée l’étanchéité, doivent "disparaître" sous la neige cet hiver. Tout en garantissant les fonctionnalités d’équipements soumis à des conditions climatiques extrêmes, liées à l’altitude et au vent.


L’environnement aura été de A à Z au centre du chantier engagé le 21 avril dernier. Avant le premier coup de pelle, pas moins de 80 ouvriers des diverses entreprises, majoritairement locales, ont été formés à ses enjeux. Par l’ancrage direct dans la pierre des pylônes des télésièges, il a été évité de tracer des pistes et d’injecter d’énormes quantités de béton dans le paysage. Ainsi, c’est la première fois en France qu’une ligne de remontée mécanique (Mailhné) est intégralement montée de cette manière.


Les déblais résultant du scellement en profondeur des pylônes étaient évacués au fur et à mesure par hélicoptère : c’est jusque dans le détail que le bureau d’études spécifique "environnement" recruté, a exercé son assistance en maîtrise d’ouvrage. 


C’est aussi par souci de ne pas déranger une colonie de lagopèdes nidifiant là-haut qu’il a été renoncé au prolongement, sur 300 mètres, du nouveau télésiège du Soum Couy, révèle en outre Dominique Rousseu, le directeur de la station. Le reprofilage des pistes, élargies tout en restant dans l’emprise existante, a pourtant fait remuer des montagnes de cailloux et de terre, dans le secteur Mailhné-Soum Couy. On parle de 180 000 mètres cubes. 

Les anciennes nacelles sont parties comme des petits pains


Un ballet de voitures avec remorques et des petits camions, loués ou empruntés, ont rejoint la station fermée de La Pierre Saint-Martin, le 26 avril dernier, pendant toute la journée. Une centaine de clients, venus des quatre coins d'Aquitaine mais surtout du département, sont en effet venus récupérer leur télésiège, réservés par téléphone début avril et achetés au prix de 50 €. Ils sont issus des télésièges de deux places du Mailhné et du Soum Couy, démontés dans le cadre de la rénovation de la station.


Un peu encombrants avec leurs 3,18 mètres de hauteur, 1,10 de large et 52 centimètres de profondeur pour une centaine de kilos, les sièges ont été amarrés avec des lanières afin de tenir le voyage. Certains s'apprêtaient à rejoindre Bordeaux, Cognac, Lourdes, Orthez et même l'Alpe-d'Huez.







Damien Delarue et son frère Stéphane sont venus spécialement de Bordeaux - partis à 6 h 30 du matin - avec une grosse camionnette et un pick-up. Âgés d'une vingtaine et d'une trentaine d'années, viticulteurs tous les deux, ils ont acheté quatre sièges du Mailhné. "Je vais en faire une balançoire dans le jardin. On passe tous nos hivers au ski, plutôt du côté de Barèges et l'idée d'avoir un télésiège m'a plu", explique Stéphane qui n'a pas de salon assez grand pour accueillir l'engin. Son frère, en revanche, va le placer entre le canapé et le fauteuil à l'intérieur de sa maison. C'est aussi le vœu de la femme de Fabrice Juzanx, restaurateur à La Table d'hôte à Pau qui a laissé son mari venir chercher deux sièges. L'autre est pour le coureur cycliste Stéphane Augé.


Catherine et Jérôme Labat quant à eux, arrivés de Saint-Faust près de Pau sont repartis avec deux nacelles du Mailhné. "On va en mettre une dans le jardin de Saint-Faust et une dans les Landes où nous avons une maison. Nous avions réservé les numéros 15 et 29 qui correspondent à nos dates de naissance. Ce sont vraiment des objets de souvenir. Nos trois enfants ont appris à faire du ski à La Pierre, nous sommes souvent montés."


Texte : Odile Faure. >> la suite du reportage ici